Saint-Clément-Rancoudray
Saint-Clément-Rancoudray | |
![]() L'église Saint-Clément. | |
Administration | |
---|---|
Pays | ![]() |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Avranches |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Mont-Saint-Michel-Normandie |
Maire Mandat |
Jean-Paul Brionne 2020-2026 |
Code postal | 50140 |
Code commune | 50456 |
Démographie | |
Population municipale |
549 hab. (2018 ![]() |
Densité | 17 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 40′ 28″ nord, 0° 53′ 12″ ouest |
Altitude | Min. 225 m Max. 321 m |
Superficie | 32,10 km2 |
Élections | |
Départementales | Canton du Mortainais |
Législatives | Deuxième circonscription |
Localisation | |
Saint-Clément-Rancoudray est une commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 549 habitants[1]. Les deux villages n'ont cessé de fusionner et de se séparer au fil des siècles.
Géographie
Couvrant 3 210 hectares, le territoire de Saint-Clément-Rancoudray était le plus étendu du canton de Mortain. Elle se situe à une altitude importante avec nombre de lieux au-dessus de 300 m. Les hivers jusque dans les années 1980 voyaient souvent la neige : les coupures électriques, les routes coupées pour les bus et le laitier étaient récurrentes. La commune est traversée par la Cance mais bordée au nord par les vallées de la Sée et au sud par celle de la Sélune qui ne se rejoignent que dans la baie du Mont-Saint-Michel. Elle est aussi brièvement traversée dans sa partie sud en bordure de la forêt de Bourberouge par le GR 22 Paris - Mont-Saint-Michel, dans sa partie ouest par le GRP des Granitiers, ainsi que par l'ancienne voie de chemin de fer entre Sourdeval et Le Neufbourg, reconvertie en voie verte.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme ecclesia de Sancto Clemente en 1412[3], Saint-Clément en 1801[4], Saint-Clément-Rancoudray en 1972.
L'église est dédiée à Saint Clément de Metz.
Rancoudray : de l'ancien français coudre « coudrier » précédé de l'adjectif rond, signifiant « le lieu rond planté de coudriers »[5].
Voir les précisions sur la section de la page Rancoudray#Toponymie.
Histoire
Moyen Âge
En 1130 est fondé le prieuré de Moutons, par Henri Ier d'Angleterre, dans la lande marécageuse qui fait alors partie de la forêt de la Lande Pourrie[6].
D'après la légende et les différentes notices que l'on trouvait dans l'église dont certaines datent des années 1950, puis 1970, puis 1980 (réimpression à l'époque du père Pascal), le nom de Rancoudray serait rattaché à son histoire. L'étymologie alors proposée, ran : « bélier », et coudray : « noisetier », contredite par les experts actuels. On notera qu'en allemand Rammbock désigne un bélier (outil), et ram en anglais le bélier animal, ce qui a pu conduire à l'étymologie présentée par les notices et placards à disposition dans l'église. Elle traduisait la légende des origines illustrées par un des vitraux : Rancoudray est à l'origine un sanctuaire marial dédié à Notre-Dame de Pitié. En effet, un berger à la recherche d'un bélier égaré l'aurait retrouvé dans un massif de noisetiers, au pied d'une statue. À la suite de cette découverte, le prieuré de Moutons (sur la commune de Saint-Clément) aurait voulu l'accaparer mais la statue serait revenue sur ce lieu ou l'on édifia donc une chapelle 1160/1170[7]. Un pèlerinage s'est alors perpétué au long des siècles, vivace jusque dans les années 1980 où l'on chantait encore les vêpres l’après-midi. La statue est toujours visible à gauche du chœur, pietà qui fait ressentir la douleur d'une mère tenant son enfant mort sur ses genoux. C'est le plus ancien pèlerinage connu de la Manche[8] et peut-être de Basse-Normandie après le mont Saint-Michel (709).
La pietà actuelle est datée du XVe siècle, ce ne serait donc pas celle de la légende[9].
La chapelle fut rattachée à Moutons en 1649 lors de la création de cette paroisse de Rancoudray qui ne vécut que quelques dizaines d'années pour être fusionnée à Moutons en 1686. Le culte cesse à la chapelle en 1777. Elle fut rattachée à Saint-Clément en 1792[réf. non conforme][10].
Le pèlerinage aurait été connu de Saint Louis. Selon le sacristain en place vers 1980, il aurait fait don d'une chasuble ou d'une étole lors d'un déplacement[11]. Saint Louis connaissait Mortain puisqu'il en fit don à son oncle remuant pour s'attirer en vain sa reconnaissance. Une étole du XVIIe siècle est classée à titre d'objet aux Monuments historiques[12]
XIXe et XXe siècles
En 1861, Saint-Clément (1 844 habitants en 1856) cède la partie sud de son territoire pour la création de la commune de Rancoudray (soit 403 habitants)[4],[13].
Plus récemment, lors de la bataille de Mortain, plusieurs familles sont parties en exode vers l'Orne. Ainsi, la famille Heuzé (Bel-Air) s'est déplacée jusqu'à la Sauvagère, emmenant une charrette chargée du principal, les deux enfants de 3 ans et 6 ans, la mère et la grand-mère. À leur retour, le pignon ouest de la maison avait été touché par les bombes. Dans les années 70, d'après les occupants, on trouvait encore des balles et même un reste de baïonnette.
Quant à la forêt de la Lande Pourrie qui borde la commune, entre la Fosse-Arthour et l'abbaye Blanche, elle a été identifiée par des universitaires de Caen comme pouvant avoir servi de modèle à celle des légendes arthuriennes par Chrétien de Troyes, mais aussi à Robert Wace (Gilles Susong)[14], recoupant ainsi les thèses de René Bansard. Mais elle recèle surtout de trous et puits de mine datant de l'exploitation des mines de fer (forêt du domaine de Bourberouge, Barenton et Saint-Jean-du-Corail, voir surtout cette page). La soute à explosif en limite sud-est de la commune, non loin de la route a été rasée dans les années 2000. En limite sud-ouest, sur la même forêt, c'est le chêne à la vierge qui a été abattu lors de l'exploitation de la parcelle adjacente. La Brousse à l'ouest puis les Renardieres (Bel-air), mais aussi les fieffes sur des communes adjacentes, sont autant de nom de champs ou de lieudits trahissant dans cette partie des défrichements plus ou moins récents, visibles parfois par les écarts des champs ou de la forêt qui faisait la limite en des temps anciens : la forêt de la Lande Pourrie s'étalait alors jusqu'à Tinchebray sur la quasi-totalité de la commune.
Le carrefour des Gigannières était dans les années 1950 un lieu fréquenté où se tenait un bar, mais aussi un charron, avec forge, atelier de menuiserie et banc de scie pour débiter des grumes. L'ensemble était tenu par la famille Marie (Rémy et Thérèse, derniers exploitants)
L'est de Saint-Clément était très proche des fours des potiers du Placitre (actuel musée de la poterie) auxquels elle fournissait de la main d'œuvre. Le nom du Placitre pourrait être rapproché du prieuré de Moutons, à 1,5 km. Le placitre est un terrain vague où se tiennent des assemblées. En Bretagne, c'est le terrain enclos autour d'une chapelle, d'une eglise.
Quant au hameau de Bel air, il suffit de s'y trouver, dans la perspective de la vallée de la Meude, pour comprendre son nom, face à la vallée de la Sélune qui se déroule et permet de voir au-delà des crêtes du Teilleul, ce qui explique aussi les tirs d'artillerie lors de la bataille de Mortain.
En 1973, les deux communes fusionnent à nouveau, Rancoudray gardant le statut de commune associée. La fusion devient totale le 1er janvier 2015[15].
Politique et administration
Le conseil municipal est composé de quinze membres, dont le maire et deux adjoints[17]. L'un des conseillers est maire délégué de la commune associée de Rancoudray.
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[18]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[19].
En 2018, la commune comptait 549 habitants[Note 1], en augmentation de 0,37 % par rapport à 2013 (Manche : −0,49 %, France hors Mayotte : +2,36 %). Saint-Clément a compté jusqu'à 1 444 habitants en 1856, mais les deux communes, séparées en 1861, totalisaient 1 503 habitants en 1876 (1 080 pour Saint-Clément, 423 pour Rancoudray).
Économie
Lieux et monuments
- Église paroissiale de l'Assomption à Rancoudray, reconstruite au début du XXe siècle. Elle abrite un tableau du XVIIe siècle (saint Stanislas Kostka communié par un ange) classé à titre d'objet aux Monuments historiques[21], mais aussi une pieta en pierre polychrome du XVe siècle, à l'inventaire du CAOA de la Manche[9], accompagnée des fonts baptismaux et d'une bannière. Ces fonts proviennent de l'ancien prieuré royal de Moutons[9], curieux retour des choses au regard de la piéta de la légende que le prieuré avait tenté de s'attacher en vain.
- le monument aux morts, en contrebas de cette église, construit avec les pierres de la chapelle précédente, sur le lieu de celle-ci, et où se tiennent les pèlerinages.
- Église néogothique de Saint-Clément (XIXe siècle).
- De nombreux calvaires attestent du passé de Saint-Clément-Rancoudray, datant pour certains du XVIIe siècle.
- Il y a aussi à Saint-Clément-Rancoudray l'abbaye bénédictine de Moutons, qui fut fondée au XIIe siècle. Les bâtiments que l'on peut actuellement observer sur place datent du XVIIe siècle. Cette abbaye fut plus tard transférée à Avranches en 1693.
- Dans la forêt de la Lande Pourrie à Rancoudray se trouvent, perdus et souvent inaccessibles, des vestiges préhistoriques et antiques, tel que le dolmen de la Roche-Grise.
Durant la Révolution, de nombreux hommes d'Église de Mortain et des alentours y trouvèrent refuge[22].
Activité et manifestations
Fêtes patronales le (le jour de la Saint Clément), et le 15 août.
Personnalités liées à la commune
Voir aussi
Notes et références
Notes
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.
Références
- Altitudes, coordonnées, superficie : répertoire géographique des communes 2014 (site de l'IGN, téléchargement du 1er mars 2015)
- Population municipale 2018.
- « Géoportail (IGN), couche « Limites administratives » activée »
- Ernest Nègre - 1998 - Toponymie générale de la France: Tome 3, page 1536, (ISBN 2600028846).
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Cahier des Annales de Normandie - René Lepelley - Les noms de communes de l'arrondissement d'Avranches (Manche) - pages 559 et 565.
- Association Généalogie et histoire., Ger : un village normand à travers les siècles, Marigny, Eurocibles, ©2007-, 496 p. (ISBN 978-2-914541-68-8 et 2914541686, OCLC 192122413, lire en ligne)
- « lieux-marials-dans-la-manche », sur http://www.coutances.catholique.fr
- http://le-petit-manchot.fr, « CC 28.08 Rancoudray Sanctuaire | CC | Le Petit Manchot | histoire patrimoine personnage », sur www.le-petit-manchot.fr (consulté le 20 septembre 2018)
- « Objets d'Art, Patrimoine, Musée, Musées de la Manche », sur objet.art.manche.fr (consulté le 20 septembre 2018)
- Le site internet de la CAOA 50 (conservation des antiquités et objets d'arts) en utilisant la recherche "d'objets par édifice" puis en cliquant sur l'échelle des communes pour aller sur Saint-Clément-Rancoudray".
- http://www.saint-georges-de-rouelley.a3w.fr/Donnees/Structures/80318/Upload/192424.pdf
- « Chasuble, étole, manipule », notice no PM50001508, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale - Rancoudray », sur EHESS, École des hautes études en sciences sociales (consulté le 21 septembre 2011)
- « Brocéliande et la fontaine de Barenton », sur www.paysdebroceliande.com (consulté le 17 septembre 2018)
- « Préfecture de la Manche - Recueil des actes administratifs, janvier 2015 » [PDF] (consulté le 6 mars 2015) : page 7, arrêté no 14-210 du 23 décembre 2014 portant suppression de la commune associée de Rancoudray et transformation de la fusion-association entre les communes de Saint-Clément et de Rancoudray en fusion simple.
- « Jean-Paul Brionne réélu maire pour un 5e mandat », sur ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le 5 mars 2015)
- Réélection 2014 : « Saint-Clément-Rancoudray (50140) - Municipales 2014 », sur elections.ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le 6 mai 2014)
- L'organisation du recensement, sur insee.fr.
- Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
- « Tableau : Saint Stanislas Kotska communié par un ange », notice no PM50001512, base Palissy, ministère français de la Culture
- Gilles Buisson et Léon Blouet, La Petite Église dans le sud de la Manche ; le culte clandestin à Rancoudray et Saint-Clément pendant la Révolution, 28 p., Imprimerie Lechaplais, Saint-Hilaire, 1964 (extrait de la Revue de l'Avranchais, t. 41, p. 183-210, 1964)